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F O U L A N
16 janvier 2008

Le Polisario, pourquoi faire ?

Les crises successives de la monarchie marocaine et le roi Hassan II en particulier de 1971 à 1973, avec deux tentatives de coup d'Etat et un début de rébellion armé en mars 1973, ont provoqué des vagues de réfugiés politiques marocains en Algérie. En avril 19973, le nombre de ces réfugiés inscrits et recensés par les services algériens, a atteint 29000 dont plusieurs dirigeants de l'USFP et  de l'extrême gauche. Parmi ces dirigeants il y a avait l'un des leaders de l'USFP et figure de la résistance marocaine Fqih El Basri, ses amis du Mouvement de la Libération du Sahara et certains militants de  l'extrême gauche qui a cru à cette époque pouvoir renverser la monarchie marocaine par les armes et la lutte armée populaire.

La gauche marocaine avait à cette époque, deux objectifs majeurs:: le renversement de la monarchie et la libération des territoires encore occupés par l'Espagne au sud du pays (Sahara Occidental ou Saquiat Al Hamra et Ouadi El Dhahab)) et au nord (Ceuta et Melilla). Il était donc normal de voir des jeunes originaires de ces territoires prendre les armes avec les autres marocains pour leurs deux objectifs communs. Mais la répression exercée par le général Oufkir et le Makhzen, a mis ces jeunes et militants de la gauche marocaine, devant un choix simple: les prisons de Hassan II ou l'Algérie révolutionnaire et socialiste.

Conflit frontalier ou ouverture sur l'Océan?

FrontiresEn un redoutable stratège politique, le Moustachu (le Président algérien Houari Boumediene), a transmis en 1972 à l'Assemblée Nationale Populaire (parlement algérien), l'accord algéro-marocain de juin 1972 sur le tracé des frontières pour ratification. L'accord qui a été négocié entre les deux pays pendant deux ans (de juin 1970 à juin 1972) et appelé accord de Tlemcen, a été ratifié du côté algérien début 1973. Houari Boumediene demande alors à Hassan II, de procéder à la ratification de l'accord avant de le déposer à l'ONU. Or, Hassan II, n'avait à cette époque qu'un seul soucis: sauver son trône et la monarchie de la menace des coups d'Etat et d'un soulèvement armé qui se dessine à l'intérieur du pays. Cela n'a pas empêché ses conseillers de l'époque de lui affirmer, que toute ratification marocaine de cet accord  conclu en un moment de faiblesse de la monarchie, implique une acceptation définitive par le Maroc d'un tracé des frontières par lequel il abandonne à l'Algérie des territoires riche en ressources énergétiques, historiquement marocains et représentant  environ 40% du territoire de l'Algérie actuelle. La revendication marocaine de ces territoires n'est pas morte jusqu' à ce jour. Depuis le 19ème siècle, les conflits de délimitation des frontières entre le Maroc et l'Algérie, se sont cristallisés autour des litiges d'allégeances des tribus des zones disputées au Day d'Algerie ou au Sultan du Maroc.

Les dirigeants algériens, Houari Boumediene en tête, ont compris que la négligence de Hassan II de ratifier l'accord sur le tracé des frontières, est une manœuvre pour gagner du temps afin de résoudre ses problèmes intérieurs et mobiliser ses forces pour déclencher le moment opportun une nouvelle guerre de frontières.  Houari Boumediene n'a pas oublié que la guerre des sables de  1963 a éclaté à la suite d'un conflit sur l'application d'un accord sur les frontières signé deux ans plus tôt. En effet, une fois indépendante en 1962, l'Algérie présidée par Ahmed Ben Bella, a demandé au Maroc l'application de l'accord du tracé des frontières conclu avec le gouvernement provisoire algérien présidé par Ferhat Abbas le 6 juillet 1961. On connaît la suite: peu de temps après cette demande algérienne, une guerre a éclaté entre les algériens et les marocains sur un fonds de litiges frontaliers.

Le Polisario: une carte  de pression ou une option stratégique

Les dirigeants de la gauche marocaine réfugiés à Alger se rappellent certainement, des préparatifs qui ont abouti en mai 1973 à la fondation du Polisario. Les  hommes du Colonel Kasdi Merbah (Sécurité Militaire) ont fait le tour à Alger des réfugiés de la gauche marocaines originaires des territoires occupés par l'Espagne. Les dirigeants de l'USFP et les amis de Fkih Basri ont refusé toute instrumentalisation algérienne de leur situation et beaucoup ont quitté l'Algérie dès l'annonce de la naissance du Polisario. Les hommes du Colonel Merbah ont consulté aussi d'autres réfugiés marocains. A cette époque – avril 1973 – la politique de décolonisation adoptée par l'Espagne post franquiste, n'était pas encore visible.

BoumedieneHassan2Il était claire en avril 1973 que Houari Boumediene était habitée par un souci majeur: faire  accepter et valider par le Maroc, l'accord de tracé des frontières dit accord de Tlemcen afin de prévenir et éviter une nouvelle guerre entre les deux pays. Il fallait pour cela et pour faire face au refus marocain, mettre en place un rapport de force durablement favorable à l'Algérie  et suffisamment dissuasif pour empêcher le déclenchement par le Maroc d'une nouvelle crise armée. Le Polisario est ainsi né en Mauritanie qui était à cette époque encore sous l'emprise des conséquences du rejet de son indépendance en 1961 par le Maroc qui revendiquant jusqu'au début des années 1970 son annexion au Maroc. Beaucoup de  marocains se sont interrogé après la disparition de Hassan II en 1999, sur le sérieux  de la délégation marocaine pour les négociations de l'indépendance qui a accepté en contre partie de la proclamation de l'indépendance du Maroc en 1956, que leur pays reste amputé de ses territoires du Sud et du Nord.

La politique de décolonisation adoptée par l'Espagne à partir de  1974, a renforcé la position algérienne dans son soutien au Polisario. A partir de 1975 (la marche verte de Hassan II), le soutien algérien au principe du droit des sahraouis à l'autodétermination a pris le pas – parce qu'il représente un argument politiquement et juridiquement plus acceptable sur le plan international -  sur celui de la sécurisation des frontières. Le droit des sahraoui à l'autodétermination et – plus tard – le respect du droit international et les résolutions de l'ONU, ont permis à l'Algérie de séparer le conflit frontalier  de celui de la contestation de la marocanité du Sahara Occidental tout en conservant les avantages du conflit sur l'avenir du Sahara Occidental. Pourquoi? Tout simplement parce qu'un conflit frontalier algéro- marocain s'il est porté devant les instances internationales, risque de mettre en cause les précédents accords sur les frontières et ouvrir la voie à une légitimation de la revendication marocaine sur 40% du territoire algérien actuel. La revendication de l'indépendance du Sahara Occidental était dès 1973, le moyen le plus efficace pour taire toute tentative marocaine de porter le conflit frontalier avec l'Algérie devant les instances internationales.

La position algérienne dans le dossier du Sahara Occidental est dictée d'abord par un impératif de souveraineté nationale, un souci d'intégrité territoriale et un besoin de sécurité. Elle est dictée en suite par l'adhésion spontanée des algériens à un principe hérité de la guerre d'indépendance  qui est le droit des peuples à l'autodétermination. Cela explique le consensus national algérien sur cette position.

Il est donc inexact de dire que l'Algérie apporte son soutien au Polisario pour se voir une fois le Polisario prend le contrôle du Sahara Occidental, accorder une ouverture sur l'Océan Atlantique et bénéficier de facilités pour l'exportation de son pétrole et gaz. La preuve a été donnée par le passage sans problème du gazoduc algérien par le Maroc vers l'Espagne. Il est inexact aussi de dire que la position de l'Algérie dans le conflit du Sahara Occidental n'est défendue que par les "généraux" algériens et une fois ceux-ci abandonnent le pouvoir, tout sera possible. La preuve du contraire, est dans le consensus algérien autour de ce soutien aux sahraouis même au moment des crises et de la mise en accusation de l'armée algérienne par des algériens dans des affaires internes.

Hésitations marocaines

Jusqu'au début de 1973, la position algérienne était réputée soutenir la décolonisation des territoires occupés par l'Espagne au sud et au nord du Maroc tout en reconnaissant implicitement leur appartenance au Maroc. En tout cas, cette appartenance n'était pas jusqu'à fin 1972 contestée ni par l'Algérie ni par aucun autre pays maghrébin.

La marche verte organisée et conduite par Hassan II, le 6/11/1975 sans aucune coordination au cours préparatifs ni avec les pays voisins ni avec la gauche marocaine, a conduit à la récupération par le Maroc de la grande partie puis en 1979, de la totalité du Sahara Occidental. La démarche de Hassan II, a été sentie par l'Algérie et par beaucoup de sahraouis comme une provocation. Sans refaire l'histoire à posteriori, Hassan II aurait pu gagner l'adhésion des sahraouis qui n'avaient pas encore à cette époque, opté pour le Polisario, s'il les avait associés à la marche verte.

Jusqu'au cessez-le feu en 1991, le Maroc avait opté pour la riposte armée par la construction d'un mur de sécurité et une présence militaire et administrative conséquentes au Sahara Occidental. Cette présence a été accompagnée par un effort remarquable de développement économique et par l'encouragement du flux migratoire et économique du nord vers le sud. Puis, après 1991, le Maroc change de conduite en optant pour les négociations, l'incitation des dirigeants du Polisario à regagner le Maroc, et pour une nouvelle approche dans sa politique algérienne en abandonnant une politique de détente pour une autre basée jusqu'à 1999, sur ce que Hassan II a appelé publiquement "faire le lit des islamistes algériens" y compris les groupes islamistes armés (affaire Abdelhak Layada). Hassan II pousse son optimisme de voir les islamistes prendre le pouvoir à Alger jusqu'à la publication en 1992, de l'accord de Tlemcen de 1972 au Journal Officiel marocain. C'est sans doute cette approche qui a mis en éclat la politique de détente entre les deux pays née en 1989. Ella a conduit à la fermeture des frontières depuis 1994. 

Quelques mois après la disparition de Hassan II (23/07/1999), le Maroc a changé encore une fois de stratégie en optant pour une solution de la question du Sahara Occidental basée sur  une autonomie large dans le cadre de la souvraineté marocaine et d'un Maroc régionalisé. Cette nouvelle stratégie est accompagnée par une "normalisation économique" des provinces du Sahara Occidental qui perdent ainsi les privilèges encourageant le flux des investissements et migratoire et par la création du CORCAS (Conseil Royal Consultatif des Affaires du Sahara) regroupant les notables et chefs des tribus  du Sahara. Encore une fois, le Maroc opte pour une stratégie unilatérale.

La monarchie marocaine qui représente depuis des siècles, le ciment et donc le garant de l'unité du peuple et du territoire marocains de composantes diversifiées, prend en optant pour la régionalisation et l'autonomie, le risque d'un développement rapide du séparatisme régional. On peut légitimement qualifié cette stratégie par une imitation  imprudente du modèle espagnol. Mais cette nouvelle stratégie, a au moins le mérite de reconnaître l'impossibilité de l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination. Certains observateurs ont allé jusqu'à dire que le Maroc a pris le risque de la régionalisation pour se positionner en modèle encourageant les Kabyles algériens à réclamer un statuts similaires.

Tous pour le blocage?

Le point commun de ces différentes approches marocaines pour trouver une solution à la question du Sahara Occidental, est la recherche permanente d'un moyen pour contourner le fond du problème qui est "la reconnaissance et la sécurisation de ses frontières avec l'Algérie". Le Maroc a toujours qualifié la question du  Sahara Occidental de conflit algéro- marocain, mais n'a jamais dépassé ce simple constat pour construire avec ses voisins un réel projet géopolitique d'entente avec  l'Algérie. Il a favorisé par cette démarche le maintient du blocage et du stat quo.

L'Algérie a pris le chemin inverse. Depuis le décès de Houari Boumediene en décembre  1978, l'Algérie a maintenu - avec quelques aménagements mineurs et de circonstance - la même position: le conflit du Sahara Occidental est fondamentalement un conflit de décolonisation. Il  oppose le Polisario et le Maroc et ne peut être résolu qu'en respectant les résolutions de l'ONU et le principe du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.

Trente cinq an après, le conflit du Sahara Occidental proprement dit a débouché sur deux faits majeurs : un drame humain et fait politique.

Le drame humain est celle des sahraouis. Ils sont dispersé entre ceux qui habitent l'ancienne colonie espagnole (Sahara Occidental), ceux qui ont choisi l'exode vers le nord du Maroc et les pays d'immigration, et ceux qui peuplent les camps de réfugiés à Tindouf (Algérie). Ces réfugiés sahraouis de Tindouf dont le nombre est proche des 165000, représentent le réel drame de ce conflit. Sur ces 165000 il y a 155000 classés par l'Union Européenne  comme pauvres vivant sur l'aide internationale. Les autres, environ 10 000 représentent le bassin des responsables, cadres  et sympathisants du Polisario et de  la RASD (République Arabe Sahraoui Démocratique) et ne vivent qu'occasionnellement dans les camps de Tindouf.

Le fait politique est la présence durant les 35 dernières années d'une organisation politique (le Polisario), et de structures administratives et sécuritaires (RASD) qui contrôlent, représentent et en tout cas parlent au nom des 165000 réfugiés. Le Polisario et ses structures sont aujourd'hui incontournables dans toute option qui pourrait être mise sur la table pour résoudre le conflit du Sahara. Le Polisario n'est pas seulement une organisation politique et administrative jouant le rôle d'encadrement de rigueur des réfugiés de Tindouf, mais aussi "une force de frappe" au service d'une stratégie ne présentant pour toute sortie du conflit que l'option d'indépendance du Sahara Occidental. Tout en arrivant aux mêmes conclusions que le Maroc sur l'impossibilité de l'organisation d'un référendum, le Polisario tient à ce référendum qui devient par son infaisabilité, un argument d'une revendication justifiant dans le fond mais pas dans la forme, le maintient du blocage et du stat quo.

Le Polisario, pourquoi faire?

SaharaLe 12ème congrès du Polisario (décembre 2007) représente dans cette logique un tournant. Le Polisario a décidé lors de ce congrès de rompre le cessez le feu de 1991 et reprendre les armes si dans un délais de six mois (jusqu'à juin 2008) les négociations avec le Maroc lancées en juins 2007 sous l'égide de l'ONU, n'ont pas débouché sur une avancée significative. Cette menace de reprise de la "lutte armée", intervient dans un contexte de reprise de la course au réarmement des pays du Maghreb. On peut légitimement s'interroger sur les finalités des importants contrats d'armement conclus par l'Algérie et par le Maroc durant les deux dernières années. Le Polisario n'a fait par sa déclaration menaçant de reprise des combats, que s'intégrer à ce climat de tension dans la région.

Même si l'éventualité d'une reprise de combats n'est pas à exclure, il est improbable que cette course au réarmement et la menace de reprise de la "lutte armée", conduisent à un conflit armé même limité. Par contre, il n'y a pas de doute sur la volonté des parties concernées par le conflit du Sahara, de rechercher un nouveau souffle permettant de perdurer le blocage et le stat quo et éviter une éventuelle pression de la communauté internationale pour sortir de ce conflit vieux de 35 ans.

En maintenant le blocage et le stat quo, les parties en conflits au Sahara Occidental ont neutralisé toute tentative sérieuse visant à former un bloc maghrébin capable de favoriser des relations équitables avec l'Union Européenne. Il va sans dire que l'Union du Maghreb Arabe ne peut fonctionner voire exister s'il ignorait le conflit du Sahara Occidental. L'UMA a préféré depuis 1989, date de la fondation de ce rassemblement régional, ignorer ce conflit par impuissance de l'intégrer dans un projet géopolitique ambitieux du Maghreb de demain.

Les partenaires de l'U.M.A. ont préféré ignorer durant les 20 dernières années tout conflit ou litige secouant le Maghreb ou ses composantes. L'UMA a ainsi ignorer le conflit du Sahara, le terrorisme en Algérie, l'affaire de l'île de Leila entre le Maroc et l'Espagne, les sanctions internationales contre  la Libye, les négociations sur un statut de politique de coopération et de voisinage avec l'Union Européenne, les conflits frontaliers entre les pays du Maghreb etc.. Dans ce cas, les peuples du Maghreb peuvent légitimement s'interroger sur l'utilité de "ce machin": UMA.

Le Moustachu (Houari Boumediene) a lancé en 1973 au moment de la fondation du Polisario et le début du conflit du Sahara Occidental, son célèbre projet sur "le Maghreb des peuples" en opposition au Maghreb des Etats. Mais 35 ans plus tard,  ce projet a abouti à un leurre représenté par un UMA inexistante et  90 millions de maghrébin pris en otage par le conflit du Sahara Occidental.

Si le Polisario n'abandonnait pas ses réflexes et analyses datant de l'ère de la guerre froide, parti unique et régimes totalitaires, en optant pour une initiative historique ouvrant la voie à un véritable Maghreb Uni, il s'inscrit dans une configuration où il serait une cause importante du déclin, sous développement et déchirements dans tout le Maghreb.

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Commentaires
H
Le Polisarion pour certain est représentatif de la Population Sahraoui.<br /> Que niet, c'est un ramassi d'opposant Marocains qui ont profité de l'Algérie (et de son grieff avec le Maroc) pour mettre la région dans la situation actuelle.<br /> Merci pour votre rappel sur la question.
Z
Le polisario est dans son droit de combattre l'annexion marocaine ce droit lui est internationalement reconnut et ce n'est pas les élucubrations du Maroc qui changeront la donne En sachant la politique pratiquée par le Maroc " la terre brulée les crimes les assassinats les viols les déportations et le génocide envers un peuple sans défense " à lire la presser Maroc nous croyons que l'armée Algèrienne a enlevé les sahraouis pour les déportés à Tindouf ) lire la presse Marocaine l'Algérie est responsable de la situation actuelle pour ne pas avoir quotionnée le génocide du Peuple Sahara Mais nous savons que le Maroc a perdue la partie et le peuple sahraoui avec l'aide des pays épris de liberté est sur la route de l'indépendance et ce n'est pas les manigances et les coups fourrés du Maroc qui arréteront le train de l'histoire
F O U L A N
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